Le Maroc a proposé « un processus multilatéral » pour soutenir la dynamique des flux de transfert de fonds de la diaspora africaine, lors du Forum public de l’OMC à Genève, qui a débattu notamment du coût élevé des transferts de fonds, la non-digitalisation des paiements, les faibles niveaux d’inclusion, le manque de transparence et de régulation du secteur et les marges appliquées aux conversions de devises.
Présidant mercredi un panel initié par la Mission permanente du Royaume auprès de l’ONU à Genève, l’ambassadeur Omar Zniber, Représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU-Genève et de l’OMC, a indiqué que le Maroc propose d’associer les Organisations Internationales, notamment l’OMC, la Banque Mondiale, l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Il a rappelé à cet égard que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Leader de l’Union Africaine sur les Questions Migratoires, avait souligné à l’occasion de la 35ème session de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine, que « l’Afrique est le précurseur de la nouvelle gouvernance migratoire voulue par le Pacte de Marrakech », insistant sur l’impératif de faire en sorte que « les migrants ne soient pas les oubliés du développement et des pandémies mais au contraire le centre de gravité de politiques migratoires responsables, solidaires et conformes aux 23 objectifs du Pacte de Marrakech ».
Pour M. Zniber, l’organisation de ce panel de haut niveau sous le thème « Transferts de fonds des migrants, commerce inclusif et développement”, reflète l’intérêt accordé par SM le Roi à la question migratoire. La réunion à laquelle ont pris part entre autres l’OMC, l’OIT, l’OIM ou encore la Banque Mondiale, représente, à ses yeux, une occasion idoine pour échanger sur les facteurs qui « contribuent au coût élevé des envois de fonds », alors que la coopération entre les différentes Organisations onusiennes et Internationales, est « plus que jamais nécessaire dans une conjoncture mondiale en mutation rapide, à plusieurs niveaux, géopolitique, économique, commerciale et technologique ».
Et de rappeler que les États membres des Nations Unies se sont engagés dans le cadre de l’objectif 20 du Pacte Mondial pour des Migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech en décembre 2018, de rendre les envois de fonds plus rapides, plus sûrs et moins coûteux tout en favorisant l’inclusion financière des migrants.
Pour M. Zniber, les transferts des migrants vers leur pays d’origine représentent trois fois le montant investi par l’aide publique au développement. Les travailleurs migrants demeurent un moteur de développement humain et de croissance économique comme en témoigne l’augmentation de plus de 650% des rapatriements de fonds internationaux entre 2000 et 2022, passés de 128 milliards de dollars US à 831 milliards de dollars US.
Sur ces 831 milliards de rapatriements de fonds, 647 milliards ont été envoyés vers des pays à revenu faible ou intermédiaire. La réduction du coût des transferts de fonds constitue néanmoins un enjeu majeur pour de nombreuses économies des pays en développement et des pays les moins avancés.
À l’échelle mondiale, le coût du transfert de 200 dollars était, en moyenne, de 6,2 % au quatrième trimestre de 2022, soit plus du double de la cible de 3% fixée par les Objectifs de développement durable, selon la base de données de la Banque mondiale sur le coût des transferts d’argent dans le monde. Ce coût est plus important pour les pays africains, avec une moyenne qui s’élève à 8%.
Coïncidant avec le 30e anniversaire des Accords de Marrakech instituant l’OMC, le panel de haut niveau organisé par la Mission permanente du Maroc auprès de l’ONU à Genève a été retenu parmi un nombre record de plus de 300 candidatures reçues pour le Forum public 2024, l’un des plus grands événements de sensibilisation de l’organisation.
Il a été notamment l’occasion pour l’OMC, le système des Nations Unies pour le développement et les migrations et les institutions financières internationales de mener une réflexion sur des mesures efficaces pour renforcer la coopération afin de réduire le coût des transferts de fonds.
Pour sa part, le Directeur général de Bank Al-Maghrib, Abderrahim Bouazza, a plaidé pour l’interconnexion des systèmes de paiement africains avec les plateformes de règlement des pays d’accueil des migrants, afin qu’ils soient orientés vers l’investissement productif.
« Cette interconnexion s’avère essentielle pour réduire les délais, les coûts et la sécurité des transferts », a souligné M. Bouazza lors de ce panel organisé du 10 au 13 septembre.
L’adoption dans de nombreux pays des systèmes de paiement instantané, basés sur des solutions alternatives à l’argent liquide et à faibles coûts, a ouvert la voie à une concurrence accrue dans le marché des transferts.
« Ces systèmes ont le potentiel d’amener de nombreuses personnes dans le système financier et d’être pertinents pour les paiements et transferts transfrontaliers interopérables », a-t-il précisé.
C’est dans cette perspective, a-t-il dit, que les Banques centrales africaines, dont BAM, sont en train d’unir leurs efforts pour intégrer leurs systèmes de paiement au système continental PAPSS « Pan African Payment and Settlement System ». L’ambition première est de soutenir le commerce dans le cadre de la Zone de libre-échange africaine (ZLECAF), a-t-il indiqué, notant que le système PAPSS permet le règlement instantané en devises locales en fonctionnant 24h/24 et 7j/7.