À l’approche des élections législatives prévues le 23 février, l’Allemagne intensifie ses efforts pour contrer les menaces numériques susceptibles de perturber le processus électoral.
Les autorités et des experts allemands alertent sur les risques croissants de cyberattaques, de campagnes de désinformation et d’opérations de «piratage et fuite» visant à influencer l’opinion publique ou semer la discorde dans le pays.
Une récente analyse de l’agence allemande de renseignement intérieur a tiré la sonnette d’alarme sur les « tentatives d’influence orchestrées par des États étrangers ».
Claudia Plattner, présidente de l’Office fédéral de la sécurité de l’information (BSI), a renforcé cet avertissement en soulignant que des « forces internes et externes menacent le processus électoral et l’ordre démocratique ».
Ces élections anticipées, organisées en un laps de temps réduit, se déroulent dans un contexte politique tendu et posent des défis logistiques aux autorités de Berlin.
Selon des experts, les cyberattaques ciblant des figures politiques ou des organisations clés risquent d’être utilisées pour diffuser des informations sensibles, parfois manipulées, afin de discréditer des candidats ou des partis.
L’agence de renseignement intérieur, l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), a particulièrement pointé du doigt la Russie, dont l’intérêt à influencer le scrutin dans le contexte de la guerre en Ukraine est « évident et préoccupant ». Cependant, les menaces internes venant de groupes opérant en Allemagne, ne doivent pas être sous-estimées, selon Josef Lentsch, organisateur d’une conférence sur la technologie prévue en janvier 2025 à Berlin.
« Les acteurs antidémocratiques exploitent aujourd’hui des plateformes comme Telegram, WhatsApp ou TikTok pour contourner les médias traditionnels et diffuser des messages radicaux, » explique Lentsch, précisant que ces groupes extrémistes, souvent liés à des mouvements d’extrême droite comme l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), ont investi des années dans le développement d’une « infrastructure numérique parallèle » pour atteindre leurs publics sans filtre.
Avec près d’une décennie d’avance sur les partis politiques traditionnels en matière de mobilisation en ligne, ces acteurs représentent une menace majeure pour l’intégrité électorale, prévient Lentsch, précisant que leur maîtrise des nouveaux canaux numériques leur confère un avantage stratégique, rendant la réponse des institutions encore plus urgente.
Alors que les risques de déstabilisation augmentent, les autorités allemandes s’efforcent de renforcer la cybersécurité et de sensibiliser le public aux dangers de la manipulation numérique, dans l’espoir de garantir une élection équitable et transparente malgré les turbulences.