La pauvreté multidimensionnelle, à l’échelle des 75 provinces et préfectures du Royaume, a reculé de manière quasi généralisée entre 2014 et 2024, mais en laissant apparaître des écarts entre territoires, affirme le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans une étude intitulée « Cartographie de la pauvreté multidimensionnelle : Paysage territorial et dynamique ».
« Les provinces initialement les plus démunies ont connu des baisses spectaculaires de la pauvreté : Azilal (-16,7 points de pourcentage), suivie de Chichaoua (-14,8 points), Essaouira (-13,8 points), Figuig (-12,5 points), Fahs-Anjra (-12,4 points), Chefchaouen (-12,4 points), Youssoufia (-11,8 points), Midelt (-11,5 points), Al Haouz (-11 points), Assa-Zag (-10,9 points) et Guercif (-10,3 points) », précise le HCP.
S’appuyant sur les données des recensements généraux de la population et de l’habitat de 2014 et 2024, l’étude révèle, en outre, que dans les territoires déjà quasiment épargnés par la pauvreté en 2014 (grandes villes et provinces du Sud), l’évolution est restée marginale, avec -0,3 point de pourcentage à Casablanca, -0,5 point à Rabat, -0,6 point à Laâyoune et -0,8 point à Mohammedia.
Ces différences de trajectoires reflètent une dynamique de convergence territoriale. Les efforts publics orientés vers les provinces les moins développées ont favorisé une réduction relative des écarts socioéconomiques vis-à-vis des territoires initialement plus avancés.
Malgré ces améliorations, la géographie provinciale de la pauvreté demeure contrastée en 2024, relève le HCP, faisant savoir que deux provinces rurales affichent encore des taux de pauvreté élevés, supérieurs à 20%, à savoir Figuig (24,1%) et Taounate (21,1%).
Parallèlement, cinq provinces enregistrent des taux plus de deux fois supérieurs à la moyenne nationale. Il s’agit d’Azilal (17%), Chichaoua (15,1%), Essaouira (14,8%), Taza (14,4%) et Ouezzane (13,6%). À elles seules, ces provinces concentrent environ 20% de l’ensemble des personnes en situation de pauvreté multidimensionnelle.
En termes de vulnérabilité à la pauvreté multidimensionnelle, cinq provinces enregistrent des taux supérieurs à 20%, à savoir Taounate (22,9%), Chefchaouen (21,7%), Chichaoua (21,1%), Zagora (20,3%) et Ouezzane (20,0%).
À ce noyau de vulnérabilité s’ajoutent huit autres provinces où les taux dépassent 15% : Essaouira (18,6%), Moulay Yacoub (17,4%), Youssoufia (15,8%), Al Hoceïma (15,8%), Sidi Kacem (15,6%), Sidi Bennour (15,6%), Azilal (15,4%) et Rehamna (15,1%). Ces 13 provinces concentrent à elles seules près d’un tiers (31,6%) de la population en situation de vulnérabilité à l’échelle nationale.
Cette cartographie élaborée par le HCP vise à mieux appréhender les privations en termes de déficits sociaux dans les domaines de l’éducation, de la santé, du logement et de l’accès aux infrastructures de base.
Elle propose une lecture intégrée des vulnérabilités structurelles et des inégalités sociales persistantes aux échelles régionale, provinciale et communale.
Dans un contexte de régionalisation avancée, elle présenterait un outil opérationnel pour cibler des interventions adaptées aux réalités locales et améliorer les conditions de vie de la population.