L’inauguration du Grand barrage de la Renaissance (GERD), mardi 9 septembre 2025 en Éthiopie, suscite une vive réaction du Caire. Alors qu’Addis-Abeba célébrait ce projet présenté comme le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique, l’Égypte a dénoncé une « tentative de légitimation trompeuse » et alerté sur les risques que ce mégabarrage fait peser sur ses ressources vitales en eau.
Construit sur le Nil Bleu, le GERD mesure 1,8 kilomètre de long et 145 mètres de haut. Il doit permettre à l’Éthiopie de doubler sa production annuelle d’électricité et de générer jusqu’à un milliard de dollars de revenus grâce aux exportations régionales. Symbole de fierté nationale pour Addis-Abeba, le barrage a été inauguré en présence de dirigeants alliés, tels que le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh et le chef d’État kényan William Ruto, mais sans représentants égyptiens ou soudanais.
Dans un discours solennel, le Premier ministre Abiy Ahmed a affirmé que le GERD ne menacerait « en rien le développement » des pays en aval, assurant que l’ouvrage profitera à toute la région. Des propos loin de convaincre Le Caire.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, accusant l’Éthiopie de vouloir donner « une fausse couverture d’acceptation et de légitimité » à un projet qu’elle a unilatéralement imposé. L’Égypte, dont près de 100 millions d’habitants dépendent quasi exclusivement du Nil, estime que le remplissage et la gestion du barrage pourraient réduire drastiquement son approvisionnement en eau. « Nous nous réservons le droit de prendre toutes les mesures autorisées par le droit international et la Charte des Nations unies pour défendre les intérêts existentiels de notre peuple », a averti Le Caire.
Cette mise en garde souligne la persistance d’un contentieux majeur entre les deux puissances du bassin du Nil. Alors que l’Éthiopie y voit un levier de développement et d’unité, l’Égypte considère le GERD comme une menace directe à sa survie.