Le Parlement portugais a adopté mardi une loi durcissant significativement les règles de l’immigration, marquant un virage politique après l’échec d’une première version du texte, jugée inconstitutionnelle en août dernier.
Le vote dudit projet de loi, obtenu grâce à une alliance inédite entre le centre-droit et l’extrême-droite, a provoqué un clivage net entre la majorité gouvernementale et l’opposition de gauche.
Le nouveau régime juridique, qui régit l’entrée, le séjour et l’expulsion des immigrés étrangers, a été soutenu par une coalition hétéroclite rassemblant le Parti social-démocrate (PSD) au pouvoir, le parti d’extrême-droite Chega, les libéraux de l’Iniciativa Liberal et les conservateurs du CDS-PP. En face, le Parti socialiste (PS), les communistes, le Bloc de gauche et les écologistes du PAN ont voté contre cette loi, dénonçant un texte restrictif.
Le ministre de la Présidence, António Leitão Amaro a quant à lui, salué la «position constructive » des principaux partis de l’opposition, malgré des «divergences» persistantes.
Un accord avait été trouvé après trois jours de négociations entre le PSD et Chega, ce dernier estimant le texte final «suffisant». «Nous saluons le gouvernement pour avoir renforcé certaines règles et reconnu qu’il existe des abus dans l’octroi des aides sociales», a déclaré la députée Cristina Rodrigues du parti Chega.
Le texte introduit plusieurs mesures phares à savoir : le regroupement familial ne sera possible qu’après deux ans de séjour légal, et les visas de recherche d’emploi seront réservés aux travailleurs hautement qualifiés. Il met également fin à la régularisation des ressortissants lusophones notamment brésiliens, entrés avec un simple visa touristique.
L’adoption de la nouvelle loi intervient après le rejet en août dernier, de la première mouture par la Cour constitutionnelle, qui avait invalidé cinq dispositions concernant notamment le regroupement familial et les recours juridiques.
Le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa qui avait sollicité cette révision, a indiqué ces dernières semaines, qu’il promulguerait probablement la nouvelle version, sous réserve de sa conformité avec la Loi fondamentale.