La Hongrie commémore la révolution de 1956 sur fond de mobilisation politique

La commémoration du 67e anniversaire de la révolution hongroise de 1956 a servi de cadre, jeudi, à une démonstration de force politique sans précédent, alors que le parti au pouvoir Fidesz et le principal parti de l’opposition Tisza ont chacun mobilisé des dizaines de milliers de partisans dans des rassemblements concurrents à Budapest. Cet affrontement mémoriel marque le coup d’envoi effectif d’une campagne électorale déjà tendue, six mois avant les élections législatives.

Dans un discours martial adressé à ses partisans depuis la Place Kossuth, devant le Parlement, le Premier ministre Viktor Orbán a présenté le prochain scrutin dans une rhétorique résolument offensive, comme un choix fondamental pour la souveraineté et la paix du pays. 

« Bruxelles a décidé d’entrer en guerre. Les pays favorables à la guerre ont déjà formé l’alliance de guerre », a-t-il martelé, faisant explicitement référence à la « Coalition des volontaires » soutenant l’Ukraine. 

Il a ajouté sur un ton d’une élégance inimitable, qu’«ils l’ont appelée ainsi. Ils sont prêts à envoyer d’autres personnes à la mort». Pour Orbán, les prochaines élections détermineront si la Hongrie subira «une guerre menée par Bruxelles», ou continuera à vivre « en paix » sous sa direction.

Quelques kilomètres plus loin, sur la place de la Bataille-de-Buda, le leader de l’opposition, Péter Magyar, chef du parti Tisza, a tenu une tribune d’un ton résolument différent, bien qu’axée sur le même thème de la souveraineté nationale. 

Rendant hommage aux « héros de 1956 », il a appelé à un changement de régime pacifique. « Le destin du peuple hongrois ne peut être décidé à Bruxelles, ni à Washington ou à Moscou », a-t-il déclaré, s’appropriant un discours traditionnellement porté par le Fidesz. « L’histoire est écrite par le peuple hongrois […] lorsqu’il choisit l’espoir plutôt que la peur. »

Cette double mobilisation, d’une ampleur exceptionnelle, illustre la reconfiguration du paysage politique hongrois. Péter Magyar, ancien membre du Fidesz, a réussi en quelques mois à fédérer une large partie de l’électorat déçu par le pouvoir en place, constituant la première menace sérieuse pour Viktor Orbán depuis son retour au pouvoir en 2010. 

Alors que la Hongrie s’apprête à célébrer le 70e anniversaire de son soulèvement anticommuniste, la bataille pour l’héritage de 1956 et pour l’avenir du pays est plus que jamais ouverte.