Le chancelier allemand à Ankara, pour lancer un nouveau départ avec la Turquie malgré les divergences sur Gaza

En visite officielle à Ankara, le chancelier allemand, Friedrich Merz a appelé jeudi à un «nouveau départ» dans les relations entre l’Allemagne et la Turquie, après plusieurs années de crispations politiques. 

Reçu par le président Recep Tayyip Erdoğan, Merz a défendu l’idée d’un partenariat stratégique renforcé, estimant que les relations entre les deux pays étaient « d’une profondeur unique » et demeuraient essentielles pour l’Europe.

La rencontre a porté sur la situation à Gaza, la guerre en Ukraine, la coopération en matière d’armement et les enjeux migratoires. En prélude, Merz a déposé une gerbe au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République turque. Il a rendu hommage, dans le livre d’or, à « l’amitié profondément développée » entre les deux États.

Mais lors de la conférence de presse conjointe, les divergences sont réapparues au grand jour concernant Gaza. Merz a réaffirmé le soutien plein et entier de Berlin à Israël, qu’il a qualifié de refuge pour des millions de juifs persécutés. 

«L’Allemagne se tiendra toujours aux côtés de l’État d’Israël», a-t-il déclaré, estimant que le Hamas aurait pu éviter la poursuite de la guerre en libérant les otages et en déposant les armes.

Erdoğan a vivement contesté cette position, accusant Israël de mener «un génocide» et d’avoir «affamé Gaza pour la rendre docile». «Je ne peux malheureusement pas être d’accord», a tranché le président turc à l’adresse du chancelier allemand.

Malgré ces désaccords, les deux dirigeants ont affiché leur volonté de coopérer davantage. Erdoğan a annoncé vouloir porter les échanges économiques bilatéraux de 50 à 60 milliards d’euros. Merz a, de son côté, assuré soutenir la candidature turque d’adhésion à l’Union européenne, tout en rappelant la nécessité de respecter les «critères de Copenhague», notamment en matière d’État de droit.

La visite du chancelier allemand intervient dans un contexte tendu : quelques jours auparavant, un nouveau mandat d’arrêt a été émis par la justice turque contre l’ex-maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, suscitant l’inquiétude de députés sociaux-démocrates allemands. Plusieurs d’entre eux ont demandé à Merz de rappeler, même à huis clos, que la dérive judiciaire « n’est pas acceptable » pour un pays candidat à l’UE.