C’est une évidence, le cabinet Benkirane naîtra dans la douleur. L’euphorie des premiers jours de victoire est loin derrière le nouveau chef du gouvernement. Il est désormais clair que les dures tractations avec ses alliés de la majorité l’ont brutalement ramené sur terre.
Car aujourd’hui, plus d’un mois après la désignation par le roi du chef du gouvernement, il n’y a toujours pas de gouvernement. L’opinion publique comprend d’autant plus mal ce retard qu’au même moment, les deux principaux partis d’une majorité qui peine à voir le jour, étalent au grand jour leurs divergences. Ainsi, la déclaration d’Abdelilah Benkirane sur la liste des ministrables istiqlaliens que lui aurait présentée oralement le premier ministre sortant Abbas El fassi, vendredi 23 décembre, ne fait qu’ajouter à la confusion ambiante. Le chef du gouvernement désigné enfonce le clou en affirmant qu’il n’avait jamais entendu parler de la « majorité des noms cités par El Fassi ». Une sortie sous forme de pied de nez à la mise au point publiée par le quotidien du parti l’Istiqlal. Le journal l’Opinion y affirme que, jusqu’à lundi 26 décembre, les consultations sur les noms des ministrables « n’avaient pas encore démarré ». Le quotidien précisait même qu’à cette date, la direction de l’Istiqlal n’avait encore proposé « aucun nom et que ce qui est colporté n’est autre que des informations imprécises puisées auprès de sources visiblement discordantes et contradictoires ». Qui croire dans cette affaire ? Il est clair que la course aux portefeuilles au sein du vieux hizb l’Istiqlal bat son plein. La mise au point publiée par le journal du parti est la parfaite illustration des tiraillements entre les cadres de l’Istiqlal qui nourrissent l’espoir de siéger dans le cabinet Benkirane. On parle déjà d’une réunion extraordinaire du Conseil national du parti pour destituer Abbas El Fassi. Mais ce qui est proprement surprenant, c’est de voir le chef du gouvernement enfoncer ainsi son principal allié. Surtout que l’encre avec laquelle a été rédigée la Charte fixant les règles de conduite entre les quatre partis de la majorité, n’a pas encore séché.