Le tribunal militaire de Rabat a prononcé neuf condamnations à perpétuité et des peines de prison allant de 2 à 30 ans dans l’affaire de Gdeim Izik, alors que les observateurs et militants des droits de l’homme, s’attendaient à des peines capitales, vu les lourdes charges qui pesaient sur les 24 prévenus sahraouis.
Ces derniers sont accusés du meurtre de onze militaires marocains et la mutilation de leurs cadavres lors des violents affrontements ayant accompagné en novembre 2010, le démantèlement d’un campement de tentes dressées par des habitants de Laâyoune, pour des revendications sociales.
Poursuivis pour « constitution de bandes criminelles, violences sur des forces de l’ordre ayant entraîné la mort avec préméditation et mutilation de cadavres », les prévenus risquaient au vu des lois en vigueur dans le royaume, la peine de mort.
Mais en raison de la sensibilité de la question du Sahara actuellement entre les mains de l’ONU, les juges en charge de cette affaire ont opté pour des condamnations à la perpétuité au lieu de la peine capitale.
Le parquet général avait requis deux jours avant le verdict, « des peines à la mesure de la gravité des faits », tandis que la défense avait plaidé l’acquittement estimant que le procès était « sans fondement juridique ».
Durant le procès qui s’est ouvert le 1er février, le parquet a exposé à l’audience une série de photographies et de vidéos accablantes montrant certains prévenus vêtus en uniforme militaire en période d’entraînement dans les camps du Polisario à Tindouf (Sud-ouest algérien).
D’autres photos et vidéos plus pesantes montrent comment les onze militaires marocains (de la gendarmerie et des forces auxiliaires) ont été sauvagement égorgés suivant le rite des terroristes d’Al Qaïda et leurs corps mutilés par des éléments vêtus de treillis militaires et munis d’armes blanches.
Ces horribles scènes macabres ont laissé perplexes les nombreux observateurs étrangers, journalistes, parlementaires, diplomates et représentants d’ONG internationales de défense des droits humains, ayant été autorisés à suivre le procès dès son ouverture et ont même eu droit à la traduction simultanée.
La transparence ayant caractérisé les plaidoiries et les preuves à charge présentées par le parquet ont vite éclipsé l’idée défendue au début par les ONG et militants des droits de l’homme qu’il s’agit de détenus politiques et non des criminels comme le soutenaient les autorités judiciaires marocaines.
De l’avis de certains observateurs étrangers présents à la Cour, les preuves présentées attestent de manière irréfutable qu’il s’agit bel et bien d’une bande de criminels téléguidés de l’extérieur, vu la manière et l’atrocité des crimes qu’ils ont commis, photos à l’appui, à l’endroit d’agents des forces de l’ordre qui étaient en plein exercice de leurs fonctions.
Une fois n’est pas coutume, les autorités marocaines ont également fermé l’œil à l’occasion de ce procès, sur des militants pro-sahraouis qui manifestaient devant les bâtiments du tribunal, en guise de solidarité avec les 24 mis en cause et ont profité pour scander des slogans indépendantistes en plein cœur de la capitale du royaume. Un signe révélateur d’un profond changement que connaît le mode de gouvernance au Maroc et particulièrement après l’avènement du printemps arabe.