Près de trois mois après sa naissance dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne, le mouvement du 20 Février que les jeunes ont crée sur le réseau social Facebook, pourrait être englouti par certaines formations politiques et syndicales et corps associatifs qui tentent de tirer profit de son essoufflement. Mais de l’avis de nombre d’observateurs, ces partis et ces syndicats ne sont pas non plus dans une position confortable. Leurs dirigeants qui ont pris un coup de vieux, se sont montrés jusqu’à cette date, frileux dans leurs propositions concernant la réforme globale de la constitution. Pourtant, le Roi Mohammed VI, dans son discours du 9 mars qualifié d’«historique» et de «petite révolution en douceur», avait laissé le débat ouvert pour toutes autres suggestions. Mais, l’élite politique est restée dans sa grande majorité, en deçà de la feuille de route contenue dans le discours royal ayant ouvert la voie à un processus de réformes constitutionnelles audacieuses et profondes pour plus de démocratie, de justice sociale, de dignité et de liberté… Etc.
Déjà ces mêmes partis ont perdu de leur lustre et de leur marge de crédibilité à l’occasion des législatives de 2007 puisque le taux de participation n’avait atteint que 37 %, la majorité des électeurs ayant préférer bouder les urnes. Les manifestations des jeunes n’ont fait qu’accentuer les sentiments de déception et de perte de confiance dans les jeunes/vieux partis politiques, dont les « jeunes révoltés » réclament carrément la dissolution. Pour les jeunes manifestants, les partis politiques ne sont pas à la hauteur du tournant démocratique que le Maroc est en train de vivre. C’est d’autant regrettable, estiment des observateurs, que c’était là une des rares opportunités de réconcilier les Marocains avec les formations politiques surtout à l’approche d’importantes échéances électorales qui vont sceller l’avenir du Royaume à l’heure du printemps arabe.
L’état de léthargie, voire de létalité dans lequel se trouvent actuellement les partis politiques, dont la plupart souffre du manque de transparence et de démocratie interne, peut accentuer davantage la désaffection des Marocains pour la chose politique et laisser le champ libre à certaines forces et individus, dont les agendas ne correspondent pas nécessairement aux aspirations de la majorité des citoyens.
De leur côté, les médias nationaux font état avec insistance de l’infiltration du mouvement du 20 février par des meneurs de troupes issus de formations islamistes notamment Al Adl Wal Ihsane et des partis radicaux de gauche comme Annahj Eddimokrati. Pendant ce temps, les partis politiques restent dans l’expectative, au lieu de tenter de canaliser l’ardeur des «jeunes révoltés» et d’encadrer ces militants en herbe afin d’écarter tous risques de débordement ou de dérapage qui seraient une fatalité pour l’ambitieuse réforme constitutionnelle initiée par le Roi Mohammed VI. En attendant la grande réforme, ces partis, surtout ceux qui bénéficient d’une légitimité historique, devraient commencer par se rajeunir et démocratiser leur mode de gestion interne afin de gagner en crédibilité et de reconquérir la confiance des citoyens.
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