Le porte-avions chinois Fujian franchit le détroit de Taïwan pour ses premiers tests en mer

Le porte-avions chinois Fujian a récemment traversé le détroit de Taïwan pour rejoindre la mer de Chine méridionale, où il doit effectuer des essais scientifiques et des missions d’entraînement. Pékin a présenté ce déplacement comme une étape « normale » dans la phase de construction du navire. « Ces tests transrégionaux ne visent aucune cible spécifique », a assuré un porte-parole de la marine chinoise, Leng Guowei.

Taïwan a indiqué avoir suivi de près les mouvements du bâtiment « afin d’apprécier pleinement la situation » et d’y « réagir en conséquence ». Toute activité militaire dans le détroit est source de tension : Pékin considère l’île comme une province sécessionniste et multiplie les pressions militaires, économiques et diplomatiques pour l’amener sous son contrôle.

La traversée du Fujian intervient dans un contexte régional tendu. Jeudi 11 septembre, la marine japonaise a signalé la présence du porte-avions, escorté de deux destroyers, à environ 200 kilomètres au nord-ouest des îles Senkaku – Diaoyu pour Pékin –, administrées par Tokyo mais revendiquées par la Chine.

Troisième porte-avions chinois, le Fujian est le plus imposant navire de guerre jamais construit par Pékin. Propulsé par moteurs conventionnels, il pourra embarquer une cinquantaine d’aéronefs et dispose de systèmes de lancement avancés permettant à ses avions de transporter davantage d’armement et de carburant. Mis à l’eau en 2022, il a entamé ses premiers essais en mer en 2024. Sa mise en service officielle demeure confidentielle, mais les experts estiment qu’elle pourrait coïncider avec une date symbolique pour le régime.

La Chine possède déjà deux porte-avions en service : le Liaoning, acquis auprès de l’Ukraine en 2000, et le Shandong, premier bâtiment construit localement, opérationnel depuis 2019. En avril, ce dernier avait participé à des manœuvres simulant un « blocus » de Taïwan.

Selon des analystes, l’entrée en service du Fujian marquera une nouvelle étape dans la montée en puissance navale chinoise et sa capacité de projection en Asie-Pacifique, face aux alliances régionales menées par les États-Unis.