Espagne : Un juge épingle l’épouse du Premier ministre, Pedro Sánchez, pour de présumés détournement de fonds

Le juge Juan Carlos Peinado a demandé samedi l’ouverture d’un procès devant un jury à l’encontre de Begoña Gómez, l’épouse du président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, pour des faits présumés de détournement de fonds publics. 

L’assistante officielle de Mme Gómez et la fonctionnaire ayant supervisé son recrutement sont également concernées par cette requête judiciaire. Selon le magistrat, une assistante employée et rémunérée par les services de la présidence du gouvernement pour soutenir l’épouse du chef de gouvernement dans ses fonctions protocolaires, aurait détourné ces fonds  au profit de ses activités privées alors que Begoña Gómez dirigeait un master à l’Université Complutense de Madrid.

Le juge estime que les fonctions officielles de l’assistante se limitaient à la « gestion de l’agenda, du courrier [et] au soutien protocolaire ». Or, ses investigations auraient mis en lumière « des indices suffisants » attestant que Mme Gómez lui aurait demandé d’envoyer des courriels en lien avec l’université et des éléments « suggérant des liens avec les entreprises du Groupe Barrabés». Ce groupe, dirigé par l’homme d’affaires Juan Carlos Barrabés, est soupçonné d’avoir financé le master en question.

Cette situation « constituerait une dérive manifeste» des fonctions de l’assistante, affirme le juge, précisant que «l’amitié personnelle préexistante» entre les deux femmes, qui serait «la raison de sa nomination à un poste de très haute confiance», aurait conduit à un «détournement des ressources publiques au profit d’intérêts privés ». 

Une audition de Begoña Gómez est prévue samedi après-midi pour la notifier formellement de cette demande de renvoi devant un tribunal. Lors d’une précédente audition, le 10 septembre, elle avait nié toute irrégularité, assurant n’avoir sollicité son assistante que de manière «ponctuelle».

Cette affaire s’inscrit dans un contexte judiciaire particulièrement tendu pour l’entourage très proche du chef du gouvernement socialiste. Begoña Gómez fait déjà l’objet, depuis avril 2024, d’une enquête distincte pour corruption et trafic d’influence et le frère de Pedro Sánchez, David Sánchez, sera quant à lui prochainement jugé pour des accusations similaires. 

Dans un autre dossier retentissant, l’ancien numéro trois du Parti socialiste, Santos Cerdán a été placé en détention provisoire en juin dernier dans le cadre d’une enquête sur des pots-de-vin.

Pedro Sánchez dénonce régulièrement une campagne de diffamation qu’il attribue à l’extrême-droite et à une justice qu’il accuse de « faire de la politique ». 

Cette nouvelle procédure judiciaire visant son épouse promet d’attiser les tensions politiques en Espagne, dans un climat déjà extrêmement polarisé.