Le groupe cimentier français Lafarge a annoncé plaider coupable hier mardi aux Etats-Unis pour avoir aidé des organisations terroristes en Syrie entre 2013 et 2014 et a accepté une sanction financière de 778 millions de dollars.
La sanction financière inclut une amende de 91 millions de dollars et la saisie de 687 millions. Lafarge, désormais sous la houlette du groupe suisse Holcim depuis 2015, est accusé d’avoir fourni, en 2013 et 2014, un soutien financier au groupe Etat islamique, mais aussi au Front Al-Nosra.
Les agissements de Lafarge visaient à assurer la continuité de la production de son usine de ciment syrienne, inaugurée en 2010, un an avant le début de la révolution dans le pays.
Le procureur fédéral de Brooklyn à New York, Breon Peace affirme même que Lafarge est allé jusqu’à solliciter l’aide du groupe Etat islamique pour nuire à sa concurrence en échange d’une partie de ses ventes.
En France, Lafarge est poursuivi dans le même dossier pour « crimes contre l’humanité ». Dans le cadre de cette information judiciaire ouverte en juin 2017, le groupe est soupçonné d’avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d’euros à des groupes « terroristes », dont l’organisation Etat islamique, ainsi qu’à des intermédiaires, afin de maintenir en activité sa cimenterie syrienne à Jalabiya alors que le pays s’enfonçait dans la guerre.
L’enquête des autorités françaises a évalué que ces versements pourraient avoir atteint entre 4,8 et 10 millions d’euros pour le seul groupe Etat islamique. Lafarge est également suspecté d’avoir vendu à l’Etat islamique du ciment de l’usine et d’avoir payé des intermédiaires pour s’approvisionner en matières premières auprès de factions djihadistes.